Il s’en passe des choses. Faute d’être capable de trouver une connexion internet qui se respecte, je dois écrire ce blogue hors-ligne avec l’espoir de pouvoir le télécharger un jour. La ville de Bobo-Dioulasso (Bobo) ne ressemble pas du tout à Ouagadougou (Ouaga). En fait, le voyage d’Ouaga à Bobo fut très agréable.
Plus on se rapprochait de Bobo, plus il y avait de verdure. Les paysages étaient à en couper le souffle. Je voyais défiler par la fenêtre de l’autobus, des petits villages dans la campagne, des paysannes qui s’y mettaient à deux, trois ou quatre pour battre le mil, un berger qui promenait ses moutons, des enfants qui revenaient de l’école à pieds, des petites maisons construites avec de la terre séchée et au toit de paille, un petit garçon qui transportait un sac de grain sur sa tête, une maman avec un bébé bien emmitouflé sur son dos, des baobabs majestueux, des manguiers, des bananiers, d’immenses champs de coton, des grosses montagnes de coton prêtes pour le marché, des hommes regroupés qui priaient Allah tous la tête collée sur leur tapis de prière. Le soleil brillait sur tout ce paysage, et sur mon visage qui était rivé à la fenêtre. Vraiment, le Burkina Faso, c’est magique.
Comme nous sommes en Afrique, le voyage d’autobus fut, encore une fois, toute une expérience. Les autocars sont très semblables à ceux qu’on connait au Canada, mais avec quelques exceptions. Ici, les autobus sont vieux, poussiéreux, et montrent bien leur âge. Ils ont des rideaux aux fenêtres pour cacher le soleil, mais ils sont vraiment sales et ils sentent la poussière. Ici la poussière c’est un combat continu. Je ne vous nommerai pas tous les endroits sur ma personne où j’ai retrouvé de la poussière, ça pourrait solliciter des pensés bizarres! Et bien-sûr, même si le voyage dure 5 heures, il n’y pas de toilettes à bord. Et voilà ce que je trouve le plus rigolo : quand on a envi de faire pipi (ou autres) on se lève tout calmement pour dire au chauffeur qu’il doit s’arrêter. Il arrête l’autobus sur le bord de la route, et tous ceux qui le désirent, descendent de l’autobus et font leurs besoins sur le bord de la route pendant que le reste des gens font semblant de ne pas regarder!! J’ai attendu d’être à Bobo avant de me vider! Pas question de faire un spectacle. Mais, imaginez-vous que le matin même de mon voyage en autobus, j’étais pris avec une diarrhée assez explosive, merci! Je ne sais pas par quel miracle ou quel dieu me pris sous sa tutelle, mais je me suis rendu à Bobo sans faire de spectacle sur le bord de la route. Par contre je crois que c’est principalement l’imodium que Nathalie m’a donné avant de partir qui est responsable du succès de mon voyage. Mais, une fois rendu à Bobo, j’étais content de retrouver une toilette!
Parlons-en de cette diarrhée. Je crois que mes intestins sont en pleine révolution civile, et ils sont en train de gagner! Jamais au grand jamais ai-je passé autant de temps aux toilettes. A plusieurs reprises, je me suis réveillé dans la nuit pour me rendre compte que si je ne me dépêchais pas, il aurait des problèmes! Mon amie Ève, une coopérante du Québec, appelle ça le rhume des fesses. Je trouve que ça décrit bien. Mais, ce matin, pour la première fois en presque 3 semaines, je n’ai pas la diarrhée! Jamais je n’ai senti autant de joie après avoir fait mon petit caca! Je vous le jure, c’est euphorique! Par contre, c’est un excellent régime pour l’amaigrissement! Mes pantalons tombent, je flotte dans mes shorts, j’estime avoir maigri d’environ 6-7 kilos (15 lbs). Alors si jamais vous voulez passer par la Clinique d’amaigrissement Gabriel Robichaud, nous avons actuellement une chambre de disponible pour séjour 24 heures sur 24. Réservez vos places, car nos installations sont limitées. On vous fera un bon prix ;)
J’ai aussi emménagé dans ma maison. Une superbe villa avec un immense salon, une cuisine, une salle à dîner, trois chambres à coucher et deux salles de bain. Nous avons l’électricité, l’eau courante, toilettes et douches en prime! C’est le grand luxe. La maison est vraiment très belle, une maison de riche ici. Par contre je trouve que nous faisons contraste avec le quartier dans lequel nous vivons. Notre quartier s’appelle Yégéré. Je ne sais pas ce que ça veut dire, mais les taxis comprennent c’est où et nous ramènent à bon port quand on leur dit « Yégéré !»
VSO Burkina nous a fournis quelques articles de bases, 3 chaises de salons avec un divan 3 places, une table de cuisine et quatre chaises, un poêle à gaz pour la cuisine, un filtre à eau, un réfrigérateur, un pupitre avec sa chaise, un lit, deux petites bureaux à deux tiroirs et une moustiquaire pour mettre par-dessus le lit. Le reste, il faut aller le chercher nous-même. Et voilà le défi. Aujourd’hui je vais essayer d’équiper ma maison! Je me suis fait une liste hier soir avant d’aller me coucher, et je vais voir si je peux trouver tout ce qui me manque. J’imagine que ça va être long!
La liste est longue, et je ne pense pas que l’allocation que nous avons eue de VSO pour nous installer sera suffisante. Mais parfois les choses ne sont pas très chères ici, alors je garde l’espoir. J’essaie de ne pas piger dans ma réserve de fonds canadiens autant que possible. Et jusqu’à date j’ai pu fonctionner avec l’argent que nous avons eu de VSO et celle que j’avais ramenée du Canada dans mon portefeuilles. De plus je n’ai pas encore touché à mon allocation du mois de janvier et je vais bientôt avoir mon allocation de février. Alors jusqu’à maintenant de ce côté, pas de problème!
La maison est aussi venue avec un coloc : Rachid. C’est un coopérant VSO tout comme moi, qui est marocain mais citoyen du Canada, un monsieur très bien qui a un peu plus de vécu que moi et qui pourra sûrement m’apprendre beaucoup. La maison est très grande donc elle peut nous accommoder facilement. Rachid passera six mois ici, et retournera au Canada. Son mandat est beaucoup plus court que le mien qui devrait durer deux ans. Je vais devoir m’habituer à cette colocation forcée avec quelqu’un, qui en temps normal, n’aurait jamais de choisi de vivre avec moi. Quand même, six mois, ça passe vite, on va sûrement bien s’amuser. Je crois que vivre seul au début aurait été pas mal plate. Une fois bien intégré, ça ira!
Non seulement ai-je droit à un coloc, j’ai droit aussi à un à un gardien de nuit! Lui aussi est venu avec la maison. Il s’est installé dans le garage, qui est plus grand que la plupart des maisons burkinabè (pour mes interlocuteurs linguistes, et je sais qui vous êtes, l’adjectif ou le nom « burkinabè » est invariable et ne prend jamais la marque du pluriel ou du féminin, un fait que j’ignorais jusqu’à récemment). Notre gardien de nuit s’appelle Ahmed, il doit avoir dans la 40aine et il est très gentil. J’ai appris, après 5 jours chez nous, que c’était la coutume donner le dîner à son gardien. Il y a plein de petits détails comme ça qui nous échappent.
Nous avons aussi embauché une femme de ménage. Elle s’occupera de faire la cuisine, le marché, la lessive et de nettoyer la maison. Je crois que je vais aimer cette manière de vivre. La madame en question, Awa de son prénom, s’est présentée à moi avec son plus beau vêtement traditionnel burkinabè, et j’ai bien hâte de gouter à sa cuisine, quelle me présente ses mets traditionnels et qu’elle m’enseigne un peu de Dioula, la langue parlée à Bobo-Dioulasso. (En fait, c’est la langue de commerce pour bien des pays ouest-africains alors, très pratique!) Donc, à Bobo on parle le Dioula et à Ouagadougou le Moré.
Maintenant que ma vie africaine commence à prendre un semblant de routine, il ne reste que de trouver un moyen pour combattre l’ennui. Il y a de grands moments où je n’ai vraiment rien à faire. Ce matin par exemple : c’est dimanche. Je fais la grâce matinée, je me réveille vers 8 h 00. Je tourne en rond jusqu’à 8 h 30, je décide d’aller à la petite épicerie du coin pour aller me ravitailler pour le petit déjeuner, mais, c’est dimanche. Arrivé là-bas, c’est fermé. Merde. Je retourne chez nous. Il est 8 h 40. Je me fais un café. Ça m’occuper pendant 15 minutes. C’est compliqué, faut allumer le réchaud à gaz, filtrer l’eau, etc. Bref, je bois mon café.
Je tourne en rond. Je regarde le gardien de nuit faire sa lessive dans la cour. Il se promène torse nu (encore) et je me dis que je dois vraiment avoir besoin de compagnie parce que je commence à le trouver sexy! Il est quand même bien musclé, on voit tous ses abdominaux, biceps, pectoraux et pour clouer le tout, ses jeans ne sont pas très serrées et on dirait qu’elles ne tiennent à ses hanches que par ses fesses bombées qui me paraissent très musclés… ouf… oui je manque de compagnie. Mais le café est très bon ce matin! Il a un très beau sourire en plus, si on ne tient pas compte des trois dents qui lui manque, mais ça lui donne un certain charme. Mais, ici, les hommes sont tous très bien découpés.
C’est quelque chose. Je trouve en général que les gens sont vraiment très beaux. Ils ont le sourire facile, et ils sont tellement accueillants que c’est très facile de tomber sous leur charme. D’autant plus quand on voit les conditions dans lesquelles ils vivent, on peut facilement sentir un engouement pour ces bonnes gens. Par contre, ici à Bobo-Dioulasso, les gens sont beaucoup moins chaleureux qu’à Ouagadougou. Pourtant, Ouagadougou à presque 1 000 000 d’habitant de plus, alors on aurait pensé au contraire, mais je crois que Bobo, étant une ville beaucoup plus verte, plus touristique, les gens ici on peut-être une sorte de dédain envers les blancs. Ça se voit, facilement.
On me demande toujours si je suis Français, parce que visiblement, il y a beaucoup de touristes Français ici. Mais, quand je leur dis que je suis Canadien, la phrase qui suit est étonnante, ils me demandent si je vais travailler ici et pour combien de temps. C’est comme ça qu’on voit que le Canada à une influence flagrante sur les progrès qui ont été fait dans ce pays dans les dernières années.
On voit beaucoup d’organismes qui sont commandités par le Canada : L’ACDI ou autres organismes laïcs ou religieux. Il y a quand même des organismes hollandais, français, et d’autres endroits mais pas autant que le Canada je crois. C’est une des rares fois où j’ai senti que mes taxes avaient finalement été mises à bon usage! Maintenant, si on pouvait seulement se débarrasser du Président Compaoré et le remplacer par quelqu’un d’un peu moins corrompu, ça serait déjà bien. Il est au pouvoir « officiellement » depuis 1991. Il fait des élections quand ça lui tente, il en a eu trois ou quatre depuis, et même à ça, elles sont truquées. Impossible de gagner une élection contre lui. En théorie il devrait avoir des élections en 2010. J’ai hâte de voir comment ça va se passer! Mais, je prédis qu’il se fera élire avec un support d’au moins 98% des suffrages.
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