Même si j'aime mon travail, même si je suis fier de travailler pour une ONG qui fait autant de bien, même si j'aime beaucoup mes collègues de travail, et même si Abou, notre chauffeur, est très aimable, les lundis sont quand même des lundis! ;)
Ça fait un petit moment que je ne vous ai pas écrit. Il ne se passe pas grand chose d'excitant, j'ai vraiment établi une petite routine : taxi, boulot, dodo. Mais, c'est bien, ça me donne de la normalité dans ma vie. Je commence aussi à me sentir bien dans mon quartier. Les gens me reconnaissent, ils me parlent quand je passe dans la rue. Ils me disent bonjour. Les enfants courrent derrière moi en criant : "Gabriel! Toubabou! Gabriel! Toubabou!" Hier soir en revenant de la petite boutique (dépanneur... et j'utilise le terme librement) j'ai serré la main d'au moins 15 enfants qui voulaient tous rencontrer le toubabou. J'avoue, que même après presque 3 mois ici, j'adore les enfants de l'afrique. Les enfants ici, ce ne sont pas comme les enfants chez nous. Je ne sais pas comment expliquer, ils t'enchantent rien que par leur présence. Ils sont touts sales, souvent. Tu passes, et ils sont tellement content de voir un blanc, et si tu t'arrêtes pour leur serrer la main, ils sont honnorés, vraiment! Tu es récompensé ton petit jeste par un sourire si grand, si sincère, que ça ne peut faire autre que te réchauffer le coeur.
Il y a une petite fille qui a à peine deux ans, qui vient souvent voir mon gardien de nuit, elle s'apelle Aruna (je pense que c'est sa nièce, mais Ahmed n'est pas très bon dans les explications en français!). Au début, elle avait peur de moi parce que ma peau blanche lui était vraiment bizzare, mais petit à petit, je lui faisais des petits bonjours avec ma main, et des gros sourires. Maintenant, quand elle me voit passer dans la rue, elle arrive en courrant aussi vite que ses petites jambes brunes lui permettent. Ça me fait tellement plaisir de la voir arrivée, sa petite robe trouée, sale, pieds nues, le visage tout plein de poussière, mais le sourrire grand comme tout, et les yeux pétillants de joie, elle tend sa petite main vers moi pour que je la prenne. Ça me touche tellement, j'en ai les yeux mouillés en écrivant ces lignes.
Jaimais j'ai considéré avoir des enfants. Puisque je suis homo, j'ai toujours oublié l'idée de fonder une famille, avoir des enfants, etc. Je me suis fait à l'idée, et c'est tout. Mais, ces derniers temps, et grâce aux efforts du dernier gouvernement Libérale du Canada, je peux me marier. Je peux adopter des enfants. Je peux fonder une famille. Vraiment, ce sont des temps étranges que nous vivons. Je regarde les enfants. Je regarde la famille d'Ève et Simon, mes voisins Canadiens, coopérants VSO eux aussi. J'ai souvent la chance de partager les moments familiales avec eux autres, le souper, les soirées de jeux en famille, les discussions avec les enfants, les rires aux éclats lors du repas. Vraiment, j'ai finalement compris pourquoi tout le monde semble vouloir fonder une famille. Je me sens vraiment chanceux d'avoir été aussi accueilli par la famille d'Ève et Simon. Le plus vieux des trois enfants, Jérémie, vient souvent me voir pour jouer à des jeux à l'ordinateur. Il me fait tellement penser à moi quand j'avais son âge. Même tempérament. Mêmes intérêts. Je prends goût à la paternité. hmmm. Une découverte que j'ai fait en Afrique, et je ne m'y attendais vraiment pas. Et là dans le milieu de tout ça, je reçois un courriel de mes amis François et Mika. Ils se sont mariés l'an dernier, et là, il sont sur le point d'accueillir leur première petite fille, photos à l'appuie. Les gais se marient et fondent des familles. Je suis un peu jaloux. Je suis très content pour mes amis, vraiment... Mais je ne peux m'empêcher de les envier un peu.
Cette semaine, je dois aller à Ouagadougou pour une conférence VSO Burkina avec tous les partenaires de VSO Burkina et les coopérants. Au début, je n'étais pas très chaud à l'idée, même que je n'avais pas du tout envie d'y aller. Mais, finalement, je pense que ça va me faire du bien de voyager un peu. Je vais amener ma caméra et me permettre de faire le touriste un peu. Et il y a un autre détail que je vous cache!
Ce n'est plus un très grand secret que je suis gai. Que vous soyez d'accord ou non avec ça, je m'en fou. C'est ma vie. J'ai donc vraiment envie de découvrir comment vivent les gais dans un pays comme le Burkina Faso. Déjà, j'en ai rencontré un au bureau, et nous avons beaucoup discuté de la réalité des homosexuels au Burkina Faso. Le Burkina ne criminalise pas les gais, mais ils restent underground quand même. La faible scolarité des gens, les croyances ancestrales et mystiques, la présence un peu trop zélé à mon goût des musulmans et des chrétiens, tout ça mis ensemble, fait qu'être gai au Burkina, ce n'est pas drôle. Pour un blanc, comme moi, ce n'est pas si pire. On tolère tout chez les blancs, vraiment tout. On accepte que les blancs ne sont pas pareils, et qu'ils ont des habitudes « bizarres». Mais, j'aimais je ne pourrais risquer d'embrasser un homme sur la rue comme je le faisais à Montréal. Ça ne passerait pas. Mais... ça commence.
Mon ONG est une des rares organisations en Afrique qui offre des services aux homosexuels. Ils se rencontrent en secret, dans des endroits cachés des yeux de la société. Vraiment, c'est quelque chose. Et, mon homologue, avec qui je partage le bureau, est le coordonnateur du groupe. Il m'a invité aux activités du groupe, alors j'ai bien hâte de voir comment ça se passe et de causer avec mes nouveaux frêres. «We are family!» comme dit la chanson. C'est quelque chose, le coordonateur est hétéro, marié avec des enfants et tout, et Burkinabè. Un homme hétéro burkinabè à la charge de faire changer la mentalité de tout un pays. J'ai vraiment beaucoup d'admiration et de respect pour lui. Il a plein de défis à relever. Et son groupe compte maintenant plus de 40 hommes, avec à peine 1 ans et demi de travail. Vraiment. Bravo.
Mais, comme je suis curieux, et comme je suis un geek de l'information, j'ai scruté les coins les plus sombres de l'internet. Je me suis dit, quand les gens ont peur, quand ils sont curieux, ils vont sur internet. Et, j'avais raison. Ce ne fut pas facile, mais j'ai trouvé des sites webs où les africains se donnent du soutient, partagent leurs histoires, et établissent des liens. Et voilà la vrai raison pour mon voyage à Ouagadougou. Je vais profiter de la conférence de VSO pour faire deux coups d'une pierre. J'ai commencé moi aussi à établir des liens, et je vais aller à la rencontre des gais de Ouagadougou, ou encore, pour le moment, d'un gai de Ouagadougou. Tu sais qui tu es! ;)
Ouagadougou c'est la capitale, et les gais, peu importe si nous sommes africains ou nord-américains, on aiment les grandes villes. Ouagadougou c'est la plus grande ville du Burkina, donc, c'est là qu'il y a le plus de fiffounets. Il y en a à Bobo-Dioulasso, mais, comme vous pouvez imaginer, à cause de mon travail, et du lien direct de mon bureau avec la communauté gaie de Bobo, je me trouve en conflit d'intérêts, ou du moins... je ne veux pas troubler mes liens au travail, ou risquer de causer des problèmes relationnels avec mes collègues.
Et là, je peux vous parler des mecs. Parce que ça fait presque trois mois que je suis au Burkina Faso, je commence à me sentir seul, et les envies naturelles, ça fini par faire surface. C'est le printemps, la période de rutte, je m'assume!
Bordel! Les hommes sont beaux ici! Non vraiment. Ils sont beaux. Les burkinabè sont grands, règle générale, ils font tous 6 pieds ou plus de taille. Ils sont tous noirs (évidemment) et ils sont tous dotés de corps à faire languir les plus célèbres sculpteurs romains. Ils sont musclés, minces, athletiques, et souriants. Et, ils sont jeunes. Ici, on est vieux à 30 ans. Je ne me souviens pas des statistiques exactes, mais il me semble que c'est quelque chose comme 80% ou 60% de la population qui a moins de 30 ans. Donc, on ne parle pas du vieillissement de la population ici, et pas de problèmes avec les babyboomers ;) Et maintenant, ceux qui me connaissent de façon plus intime, peuvent bien imaginer le plaisir que j'éprouve à me promener au Burkina Faso. Même quand j'allais au Dixie-Lee ou au PFK (Kentucky Fried Chicken), j'avais un faible pour la viande brune. Et bien, c'est un buffet pour les yeux.
Bon, compte rendu de la situation internet : toujours pas de ADSL chez moi. Je retourne à l'Onatel chialer une 6e fois cet après-midi. Mais ça avance. Mais je me suis acheté une clef USB de la compagnie Zain, qui fonctionne par GSM, alors j'ai l'internet comme ça, mais ça coûte cher, 40 000 CFA pour la clef USB (85$ CAN) et 2000 CFA pour 100 MB de transfert (5 $ CAN). Mais, bordel que c'est le fun d'avoir internet à la maison, même si la connection est plus lente que le modem 14.4 baud que j'avais en 1993 à l'Université St-Thomas.
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