Au Canada, il m'arrivait souvent de voir des immigrants. On sait qu'ils sont des immigrants, du moins, on se dit qu'ils sont des immigrants parce qu'ils grelottent de froid à 15 degrées celcius alors que nous on sort nos culottes courtes.
On se doute de leur origine en observant leur habillements, ou encore en les écoutant parler. Dans les dernières années au Québec, et ailleurs au Canada, on à fait couler beaucoup d'encre et gaspillé beaucoup de salive sur les accomodements raisonables.
Je me souviens même d'une conversation avec une amie lors d'un souper, avant mon départ pour le Burkina Faso, qui m'avait laissé perplexe. J'étais ainsi parce que je ne trouvais pas les arguments pour lui expliquer qu'elle avait tort, même si j'étais convaincu que j'avais raison. Maintenant que je suis moi-même, dans une façon de parler, un immigrant, je pense que je serais peut-être capable de lui expliquer un peu mieux mon point vue.
Mais, où veux-je en venir? C'est simple. On me demande souvent depuis que je suis ici, pourquoi je ne m'habille en boubou africain, en basin, ou avec des espèces de tissus traditionnelles comme on peut apercevoir de façon courante en Afrique. Ma réponse est très simple, mais, ce matin, après une conversation avec un collègue de travail, ma bien fait réfléchir: ce n'est pas moi.
C'est vrai. Je me sentirais pas comme moi. Je ne me vois pas me promener en boubou. Il y a des blancs qui en portent, et tant mieux pour eux-autres, mais moi j'ai l'impression que c'est comme faire semblant d'appartenir à une culture qui n'est pas la mienne. En anglais, on dit d'un «Poser» quelqu'un qui fait tout pour faire semblant de faire parti d'un groupe auquel il n'est pas vraiment inclus. Comme par exemple, un jeune issue d'une famille aisée qui s'habille en punk, il est clairement un «Poser».
Et là, faut faire attention, je ne dis pas que tous les blancs qui portent des boubous en Afrique sont des «Poser», mais j'en ai vu. Mais la réflexion profonde n'est pas encore abordée.
J'ai beaucoup réfléchi à mes amies musulmanes qui se couvrent le visage au Canada, alors que ce n'est pas du tout nécessaire. Est-ce que ces femmes sont toutes aussi soumises que l'on ne le pense? Se peut-il qu'elle le font parce qu'elles ne connaissent que ce mode de vie, et c'est ce qui les rend le plus confortable en public? Se sentirait-elle comme des «Poseuses» vêtues à l'américaine? Plus j'y pense, plus je me dis que c'est fort possible.
Alors à mon amie qui était si outrée par l'incapacité de certaines immigrantes de «s'adapter» aux normes sociales canadiennes, je lui dirait maintenant que ce n'est pas uniquement une question de norme sociale. C'est une question d'identité. C'est une question de comment on se sent à l'intérieure de soi-même. C'est une question de confort. C'est aussi une question de choix personnel.
Et si on m'obligeait à porter un boubou tous les jours de mon séjour en Afrique? Ne serait-ce l'équivalent d'interdire le port du voile ou du hijab au Canada?
Dans mon nouveau pays d'adoption, il me reste tellement peu de façon de me sentir moi, de me sentir comme Gabriel, le Canadien-français fédéraliste acadien, descendant de Otto Robichaud, Gabriel fils de Roland et Gérarda. Il y a tellement peu de moments dans ma journée où je peux me sentir comme moi, je suis très content le matin de pouvoir choisir des t-shirts et des jeans pour m'habiller, au lieu d'un tissus en basin coupé en boubou carré.
Pour certain dans le nord, ou dans l'ouest, on a tendance à porter un jugement lorsqu'on voit les gens dans la rue habiller dans leurs couleurs traditionnelles. Lorsque je retournerai au Canada, je vous jure que le jugement que je leur apporterai en sera tout autre!
Merci Gab. On a jamais discuté de ça ensemble, mais je nous trouve des opinions très semblables. Et c'est bien vu de critiquer haut et fort. Mais défendre le Hijab??? Pas facile.
ReplyDeletehmm.. pas sur que je le défend, mais peut-être que je le comprend juste un peu plus.
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